Oumar Sylla, plus connu sous le nom de Foniké Menguè, et Mamadou Billo Bah, sont deux responsables du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), un mouvement citoyen qui réclame le retour des civils au pouvoir en Guinée.
Ils ont été arrêtés le 9 juillet, selon le FNDC, qui a dénoncé un « kidnapping ». De son côté, le procureur général de Guinée a nié toute arrestation et ordonné des enquêtes sur la disparition des deux militants.
La plainte pénale, datée de lundi, a été déposée auprès de la procureure de la République du tribunal de Paris par les avocats français de Hawadjan Doukouré, épouse de M. Sylla, et d'Assiatou Bah, épouse de M. Bah.
Cette plainte pointe les « circonstances particulièrement suspectes » de la disparition des deux opposants, « directement en lien avec les agissements de la junte militaire au pouvoir ».
Les plaignants ont déposé plainte du « chef de disparition forcée contre le colonel Mamadi Doumbouya », « ainsi que contre toute autre personne ayant participé à la commission des faits » décrits.
« Au moment de la présente plainte, personne ne sait où MM. Sylla et Bah « se trouvent ». « Leurs familles vivent les pires angoisses et envisagent le pire », est-il indiqué dans la plainte. « Il ne fait aucun doute que, s'ils sont encore en vie, ils sont détenus de manière totalement arbitraire ».
Selon le FNDC, MM. Sylla et Bah ont été arrêtés au domicile du premier par des gendarmes et des soldats d'unités d'élite.
Ils ont été brutalisés et conduits à la direction des investigations judiciaires de la gendarmerie, puis sur l'île de Kassa, au large de la capitale Conakry, où ils sont détenus au secret, selon le FNDC.
Cette arrestation présumée serait la dernière en date d'une longue série en cours depuis que le colonel Mamadi Doumbouya, aujourd'hui investi président et promu général, a pris le pouvoir par la force en Guinée en septembre 2021.
« Il est indispensable que des investigations puissent avoir lieu sur les circonstances de la disparition forcée » de MM. Bah et Sylla, dont « les enlèvements sont directement en lien avec (leurs) engagements politiques », indique la plainte.
Le FNDC, collectif créé en 2019 pour s'opposer, vainement, à un troisième mandat du président Alpha Condé (renversé en 2021), a continué à opérer sous la junte.
Ce collectif est l'une des dernières voix de l'intérieur à contester le pouvoir et à tenter de mobiliser pour un retour des civils à la tête de ce pays pauvre à l'histoire récente troublée et violente.