Ce fonds d'environ 1,2 milliard de dollars (1,1 milliard d'euros environ), présenté comme un « accélérateur de production de vaccins en Afrique sera une brique essentielle pour bâtir justement ce véritable marché africain du vaccin », a déclaré le président français Emmanuel Macron à l'ouverture de cet événement à Paris, à quelques semaines des Jeux olympiques.
La Commission européenne assure « les trois-quarts de ces financements », a souligné le chef de l'Etat, hôte de ce sommet auquel participent quatre dirigeants africains (Botswana, Rwanda, Sénégal, Ghana), une trentaine de ministres, des représentants d'organisations internationales, d'entreprises pharmaceutiques, d'instituts de recherche et de banques.
L'Allemagne contribue à hauteur de 318 milliards de dollars à ce mécanisme, a détaillé le chancelier allemand Olaf Scholz en visio-conférence. La France s'engage à hauteur de 100 millions de dollars et le Royaume-Uni pour 60 millions de dollars, aux côtés d'autres financeurs tels que les Etats-Unis, le Canada, la Norvège, le Japon et la Fondation Bill Gates.
Ce dispositif « pourra devenir un catalyseur pour promouvoir l'industrie pharmaceutique en Afrique et favoriser la collaboration entre les Etats membres », a estimé le président de la Commission de l'Union Africaine, Moussa Faki Mahamat, alors que « le continent continue d'importer 99% de ses vaccins à des coûts exorbitants ».
Ce Forum mondial de l'innovation et de la souveraineté vaccinales, co-organisé par la France, l'Union africaine et l'Alliance du vaccin, veut donner un coup de pouce aux fabricants de vaccins en Afrique.
La question de l'inégalité de l'accès aux vaccins sur le continent africain a été mise en lumière par la pandémie de Covid il y a quatre ans. Une production localisée un peu partout dans le monde est perçue comme une réponse aux prochaines pandémies. L'Union africaine s'est fixé l'objectif de couvrir 60% des besoins vaccinaux par la production locale d'ici à 2040.
L'Alliance du vaccin, qui aide les pays à faible revenus à introduire des vaccins contre 20 maladies et à renforcer leur souveraineté sanitaire, a immunisé un milliard d'enfants depuis 2000.
« Un enfant né aujourd'hui a plus de chance de célébrer son 5e anniversaire que jamais auparavant dans l'histoire », mais « il y a encore des millions d'enfants qui n'ont jamais été vaccinés contre une seule maladie » tandis que « des centaines millions d'autres ont un besoin d'accéder à un plus grand nombre de vaccins », a dit le président de l'Alliance du vaccin (Gavi), José Manuel Barroso, présent au forum.
L'Alliance du vaccin « va avoir besoin de 9 milliards de dollars » pour sa nouvelle campagne de financement de ses programmes de vaccination à partir de 2026 et jusqu'à 2030, a chiffré Sania Nishtar, la directrice de Gavi, devant les donateurs présents au forum.
L'Alliance vise à vacciner un milliard d'enfants supplémentaire d'ici à 2030 grâce au soutien des donateurs. Elle veut accélérer l'introduction des nouveaux vaccins et étendre la couverture des vaccins de routine.
L'accent sera mis aussi sur le financement des vaccins contre le choléra, dont il faut continuer à augmenter la production pour faire face aux pénuries. Le président français Emmanuel Macron a appelé à « renvoyer le choléra au passé » alors qu'une épidémie frappe actuellement « la moitié de l'Afrique ».
La France elle-même fait l'objet de critiques pour n'avoir pas pris les mesures nécessaires afin d'éviter une épidémie de choléra sur son propre territoire, dans le département de Mayotte.
Le président français a annoncé qu'une « chaîne de production de vaccins contre le choléra pourra être déployée en Afrique » par le laboratoire sud-africain Biovac dont les investissements seront soutenus de « manière prioritaire » par le nouveau mécanisme financier.
Pour l'heure, le laboratoire sud-coréen EuBiologics est le seul fournisseur de vaccins oraux contre le choléra. Au-delà des discussions sur la santé, Emmanuel Macron doit s'entretenir avec plusieurs de ses homologues africains.